
Le rapport de Neosys conclut à l’absence de toxicité
Les immissions provenant potentiellement de Vigier ont été analysées par des experts indépendants, dont le rapport fouillé s’avère très rassurant
La dernière séance en date de la Commission des riverains de Vigier, tenue à la fin du mois écoulé, a notamment pris connaissance de l’analyse fouillée menée par Neosys sur les immissions mesurées dans notre région proche. Le bureau d’experts en environnement, et donc notamment en qualité de l’air, a mené une étude parfaitement indépendante, sur la base des mesures de poussière collectées mensuellement depuis 2015 en six postes, ainsi que sur les informations complètes publiées par Vigier quant à son fonctionnement.
Les limites parfaitement respectées
Deux événements liés au filtre de la cheminée, survenus respectivement en août et en septembre derniers, ont conduit à l’ouverture du « by pass » et donc à la libération dans l’air ambiant d’une quantité de poussières supposément plus importantes.
Pour évaluer les effets et l’éventuelle dangerosité de tels événements sur la santé des habitants, Vigier a souhaité une expertise parfaitement indépendante et a donc mandaté Neosys.
La première conclusion est rassurante : malgré deux ouvertures (brèves !) du filtre, les mesures de l’année 2021 sont très comparables à celles des années précédentes. Les immissions de poussières se sont certes révélées plus importantes en août et septembre, mais elles ne contenaient pas davantage de métaux lourds qu’en temps normal.
Et les experts de souligner que les émissions de la cheminée sont continuellement demeurées en-deçà des limites légales.
Sans danger
Neosys a évalué les conséquences dans le pire des cas, à savoir une suite d’événements du même type, aux plus mauvais moments possibles en termes de combustion. Or même dans ce « worst case », les experts sont formels : les émanations de Vigier ne pourraient pas provoquer d’intoxication.
Fouillées, les analyses de Neosys concluent d’ailleurs que la cimenterie est très probablement étrangère aux petits pics constatés dans les analyses des poussières, par exemple dans la concentration de cuivre durant le mois de mai – il n’est chimiquement pas possible que Vigier émette du cuivre isolément-, ou de celle de mercure en janvier.
La cimenterie est la seule entreprise à mesurer aussi scrupuleusement les immissions de poussières et à publier d’une part leurs quantités et leur contenu, d’autre part tous les événements techniques enregistrés sur son site. Conséquemment, s’ils penchent pour une autre source des métaux et de certaines augmentations des poussières, les experts ne peuvent la définir. Dans certains cas, ils n’excluent pas un lien avec les arrivées de sable du Sahara, dont on sait qu’elles ont péjoré la qualité de l’air en Europe en début d’année.
Une remédiation dès mars 2022
Les deux ouvertures de filtre susmentionnées, au sujet desquelles Vigier a communiqué immédiatement et complètement, se sont produites par suite de surchauffe de matériel électronique. Le 10 août, cette surchauffe a induit l’ouverture automatique du clapet, pour quelques minutes, avant que le four ne s’arrête. En septembre, l’ouverture fut encore plus brève.
« Nous avons immédiatement remplacé tous les composants des boîtiers, qu’ils aient subi une surchauffe ou non », précise Olivier Barbery, directeur. En ajoutant que décision a été prise de déplacer lesdits boîtiers en mars prochain, lors de la prochaine opération d’entretien complet. Ils seront installés en un endroit où la température ne monte jamais aussi haut.
Par ailleurs, l’entreprise a inscrit dans son plan de maintenance que les composants électroniques seront désormais remplacés intégralement tous les douze ans, de manière préventive. | cm

Sur cette vue en plan dessinée au niveau des appuis, le nouveau tracé figure en rouge, les parties qui seront démolies en jaune
Deux importants projets de construction en route
Ces prochains mois, les préoccupations immobilière de Vigier seront nourries principalement par deux chantiers conséquents.
La poursuite du projet VITO Recycling, entamé cet été, attire évidemment tous les regards. Rappelons que se prépare à Reuchenette une usine de lavage de sols que Vigier exploitera avec son partenaire Toggenburger AG, sous la nouvelle raison sociale née au printemps dernier.
Permis modifié
En cours de réalisation, Vigier a sollicité quatre modifications mineures du permis de construire et a pris le risque de lancer les travaux d’excavation avant qu’elles n’aient été officiellement approuvées. On se souvient que la Commune lui a accordé le droit de travaux préalables, à condition de garantir une remise en état originel si les modifications devaient être refusées.
Concrètement et brièvement, les modifications sollicitées devraient premièrement aboutir à la fusion de deux bassins de décantation et deuxièmement à la possibilité pour VITO de pouvoir traiter également les balayures de routes. Une diminution de la hauteur du bâtiment ainsi que le déplacement d’un escalier en façade ont également été demandés. A fin octobre, aucune opposition à ces demandes n’avait été enregistrée.
Pour l’Ofrou
Par ailleurs, le permis de construire a été délivré par les autorités compétentes, pour le prochain déplacement du convoyeur à matière premières. Les installations existantes ne sont pas obsolètes, mais elles doivent être remplacées pour laisser le champ libre à l’Office fédéral des routes (Ofrou), qui a besoin d’espace pour créer la voie lente prévue sur l’A 16 dans le secteur de Reuchenette.
La connexion de ce nouveau convoyeur (un genre de tapis roulant) est prévue pour mars 2023.
Il s’agira là d’un chantier très complexe, car l’utilisation d’une grue n’est pas possible en cet endroit. De surcroît, aussi bien la ligne ferroviaire que la route devront demeurer ouvertes durant les travaux.
Ordonné par l’Ofrou, ce chantier sera évidemment financé par la Confédération. | cm
Toujours moins de CO2
La commission des riverains a pris connaissance par ailleurs d’une nouvelle diminution des émissions de CO2, par tonne de ciment produit à Reuchenette.
Très concrètement : Vigier a atteint cette année (sur la base de la statistique jusqu’à fin septembre) le chiffre de 405 kg de CO2 net émis par tonne de ciment fabriqué, contre 418 l’année dernière, 432 en 2019 ou encore 531 kg en 2010.
Pour comparaison, on rappellera que l’ensemble des cimentiers de Suisse, Vigier compris, émettaient en moyenne, en 2020, 500 kg de CO2 par tonne de ciment.
Cette prestation remarquable de Vigier est liée notamment à une autre performance exceptionnelle du cimentier local, lequel a fait passer son utilisation de combustible de substitution, sur les neuf premiers mois de 2021, à 97,1 pour cent de sa consommation totale. Ce taux était de 95,2 % l’année dernière, de 91,1 % en 2019 ou encore de 67,2 % en 2010.
Parmi les combustibles de substitution utilisé par Vigier, un bon tiers sont biogènes, en particulier du bois de démolition ou des boues d’épuration séchées.
A suivre
Dans une prochaine édition de ces Avis officiels, nous nous arrêterons en particulier au projet de nouvelles limites nationales d’émissions, qui vient d’être publié et qui contraindra Vigier à investir sans doute quelque 40 millions de francs pour une mise en conformité de ses installations. Ceci quand bien même notre industrie phare est déjà particulièrement respectueuse des normes en vigueur, elle qui demeure très clairement en dessous des limites actuelles d’émissions à la sortie de son four. | cm