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Le Conseil municipal se heurte à l’opposition citoyenne

Il règne sur La Heutte un temps gris et froid, qui symbolise assez bien l’état d’esprit exprimé lundi soir par sa population, laquelle s’estime légèrement flouée par l’évolution de l’immobilier scolaire local

Le Conseil municipal se heurte à l’opposition citoyenne

 

Le Législatif, qui réunissait 142 ayants droit, a refusé très clairement de dépenser plusieurs millions de francs pour un médicentre et un nouveau bâtiment administratif. Il a refusé également d’équiper le site du Paradis. Les discussions ont été vives, l’assemblée a duré trois heures exactement

 

Pour sa dernière assemblée en tant que président, Pierre-Michaël Kleiner aura eu bien du travail, et pas vraiment facile ! Trois heures de discussions, souvent très vives, ont en effet mis un terme à ses trois mandats à la tête du Législatif local.

Annonçant son départ, il profitait de remercier la population pour sa confiance.

Un/e successeur/e lui sera recherché avant la prochaine assemblée.

 

Long débat

C’est au point 4 de l’ordre du jour modifié que la tâche du président se corsait.

Le Conseil municipal y proposait à l’assemblée (qui aurait dû se dérouler en décembre 2021 mais avait été annulée en raison de la pandémie) l’acquisition d’un terrain de 5000 mètres carrés, pour un montant de 220 000 francs ; actuellement couverte d’un verger, cette parcelle était destinée à un nouveau bâtiment, projeté par les autorités pour abriter à la fois un médicentre et de nouveaux locaux pour l’administration municipale.

Or lundi soir, une vive opposition s’est exprimée, qui a induit une fort longue discussion.

 

Un projet qui ne convainc pas

En l’absence de Fabio Scovino, empêché par le Covid, Stephan Eicher présentait cet objet et le défendait en arguant notamment qu’une population vieillissante apprécierait un médicentre, que deux hôpitaux sont intéressés à gérer cette infrastructure, que l’achat du terrain constituait une première étape seulement et que l’occasion était unique.

Les opposants affirmaient pour leur part et notamment que plusieurs médicentres sont opérationnels à quelques kilomètres de Péry-La Heutte (Tavannes, Bienne, Corgémont, etc.), que l’antenne de Reconvilier a fermé ses portes pour cause de manque de personnel, que la santé financière de la commune ne peut être préservée avec un investissement total de plus de 5 millions de francs, d’autant que le terrain choisi se situe dans une zone de danger et induirait donc des coûts de construction exorbitants.

 

Le blues de La Heutte

Par ailleurs, l’assemblée soulignait à plusieurs reprises que l’école de La Heutte est toujours vide de tout occupant, alors qu’elle a été rénovée il y a peu de temps. Des habitants de la localité exprimaient leur attachement à cet immeuble qui a fait l’objet de promesses au moment de la fusion, et dont la Commune va certainement se défaire aujourd’hui sans que la population n’ait à se prononcer.

D’autres participants regrettaient que les sociétés locales soient condamnées à se réunir dans des locaux très inconfortables pour leurs répétitions régulières, alors qu’un grand immeuble demeure vide. La composition de la commission des bâtiments créée récemment pour étudier l’avenir du patrimoine immobilier communal, réservée à quatre conseillers municipaux uniquement, prêtait également à questionnement.

Après de très longues discussions, c’est au bulletin secret (demandé par 72 ayants droit, alors qu’il en fallait un minimum de 36) que s’exprimait très clairement le Législatif : 117 non contre 17 oui à l’acquisition de la parcelle.

 

Ni buvette ni parc au Paradis

Dans la foulée, l’assemblée refusait clairement, sans même qu’il faille compter les voix, l’autre projet prévu à La Heutte et devisé à 120 000 francs

Comme pour le point précédent, Stephan Eicher présentait, en remplacement de Fabio Scovino, le crédit d’investissement de 120 000 francs sollicité par l’Exécutif pour installer la buvette, l’alimenter en eau potable et en électricité, la relier aux collecteurs d’eaux usées, aménager des places de stationnement et un chemin d’accès, tout ceci sur le site du Paradis, donc aux abords de l’ancien terrain de football.

L’élu rappelait que l’entreprise Vigier a offert ladite buvette et que le local en question pourrait être utilisé par les sociétés locales, jusqu’à concurrence de 100 personnes, une fois les modifications de portes réalisées par le personnel technique communal.

Le Conseil municipal estimait par ailleurs que ces aménagements permettraient d’éviter désormais que les varappeurs traversent les champs avec leurs véhicules et stationnent un peu n’importe où.

 

Trop excentré

L’opposition s’est exprimée pour regretter l’absence d’une vision globale dans le gestion immobilière locale -en revenant notamment sur l’inoccupation de l’école de La Heutte-,  soulignant que la place de sports du Paradis n’est plus utilisée depuis deux bonnes décennies, qu’elle est située à l’extrémité de la commune et accessible en voiture seulement par les habitants de Péry, alors qu’aucun cheminement piétonnier n’est prévu.

De surcroît, les opposants affirmaient qu’une vingtaine de places de stationnement ne suffiront pas à résoudre le problème des véhicules de varappeurs,

 

Sans enthousiasme

Autre crédit d’investissement, celui destiné à l’agrandissement de l’Ecole secondaire du Bas-vallon (ESBV), de 990 000 francs dont une part de quelque 284 000 francs à charge de notre commune, a passé la rampe assez tièdement : 64 approbations, 18 oppositions et 60 abstentions.

Thierry Sunier précisait que le projet suffira à assurer le volume nécessaire pour plusieurs décennies, et qu’il est indispensable au vu de l’évolution démographique dans le bassin de l’école. Quelque voix se sont exprimées pour manifester leur scepticisme, auxquelles l’élu précisait notamment que si l’augmentation des élèves est actuellement forte à Sonceboz, elle pourrait bien l’être également à Péry-La Heutte lorsqu’un nouveau projet immobilier aura vu le jour.

La tiédeur des ayants droit était due surtout à l’impression que leur vote « compterait pour beurre », Thierry Sunier ayant ajouté que la majorité du cercle scolaire avait déjà approuvé un projet donc sûr de voir le jour… | cm

A une large majorité, les ayants droit ont approuvé le changement des anciennes fenêtres encore en fonction sur le bâtiment administratif

Le trottoir de Reuchenette a été plébiscité

 

Demandé depuis plus de 20 ans, il verra le jour l’an prochain, grâce au crédit pour remplacer les conduites communales

 En ouverture de cette assemblée, Frank Reichert présentait le crédit d’investissement de 452 000 francs nécessaires à financier la réfection des conduites souterraines communales, dans le cadre de travaux pour créer un cheminement piétonnier continu dans le secteur de Reuchenette.

Une traversée sécurisée

Rappelant que la commune réclame ce trottoir depuis plus de 20 ans, avec relances réitérées auprès de l’Office des ponts et chaussées, il donnait la parole aux représentants du bureau RWB, pour présenter le projet élaboré par eux.

Les aménagements se feront sur une longueur de 500 mètres environ, le long de la route principale. Ils induiront une amélioration de la qualité de vie des riverains et de la sécurité des utilisateurs le plus fragiles, les piétons évidemment.

Modération du trafic, avec une zone désormais à 30 km/h dès les entrées Est et ouest de Péry, nouveau trottoir où il manque et réfection des portions existantes, mise aux normes de l’éclairage public et de passages jaunes : le renouvellement complet de la chaussée, entièrement à charge d l’OPC, conduira à un cheminement piétonnier sécurisé tout au long du village, y compris à l’entrée du chemin menant à la patinoire.

La Commune prend essentiellement à sa charge le remplacement et la remise en état des conduites sous-terraine, notamment celle d’eau potable qui date de 1930…  216 000 francs seront affectés au compte des eaux usées, 199 000 à celui de l’alimentation en eau.

C’est parti !

Le crédit accepté, les offices cantonaux compétents vont mettre le plan de route en dépôt public, dès le mois prochain ; ce document devrait être approuvé dans le courant de l’été, ce qui permettra de lancer les travaux dès le printemps 2023.

A signaler que Frank Reichert a rassuré l’assemblée quant aux éventuels danger d’un passage sous l’avant-toit du restaurant de la Gare ; à ce niveau, le trottoir circulera de l’autre côté de la chaussée.

La modification d’une annexe au règlement sur le statut du personnel, laquelle fait passer de 25 à 40 francs le tarif horaire des séances de conseil municipal et des commissions, a été approuvée sans discussion par 62 oui, 28 non et 52 abstentions.

Un premier pas important

Autre crédit d’investissement accepté sans un pli, celui qui servira à remplacer les dernières anciennes fenêtres du bâtiment administratif. Stephan Eicher soulignait qu’ayant beaucoup dépensé pour les routes ces dernières années, la Commune va désormais accorder plus d’argent à son patrimoine immobilier. Il qualifiait ce projet de premier pas très important, qui mettra un terme aux courants d’air énergivores.

Touchant à un immeuble public, la Municipalité doit automatiquement rendre son accès possible aux personnes à mobilité réduite, ce qui sera fait dans le même temps et donc très prochainement.

Comme une lettre…

Présentés respectivement par Nadia Keller et Thierry Sunier, les modifications mineures des règlements de l’Ecole à journée continuent (EJC) et de l’Ecole secondaire du Bas-vallon (ESBV) ont été acceptées sans un pli. Elles permettront pour l’EJC davantage de souplesse dans la mise sur pied de modules et un accent plus important sur la qualification du personnel, pour l’ESBV d’inclure le travail social en milieu scolaire.

Le budget communal 2022, présenté par l’administrateur des finances, a suscité un peu de discussion et notamment une certaine inquiétude pour le capital qui fond, au fil des excédents de charges.

Gaëtan Hirschi rassurait l’assemblée en lui rappelant que les décisions prises à peine plus tôt par elle, à savoir le renoncement à environ 6 millions de francs de dépenses, vont sérieusement redresser le plan financier.

Le budget a été approuvé par 78 voix contre 16 (48 abstentions). | cm

 

Soyons tous constructifs

En fin d’assemblée, une citoyenne appelait ses concitoyens -en s’incluant dans le lot- à faire preuve d’esprit constructif. En substance et en résumé, elle affirmait que nous sommes souvent là pour râler, le Conseil est dépité, les débats n’ont pas manqué d’agressivité et d’amertume, les habitants de La Heutte sont frustrés par les promesses qui n’ont pu être tenues, les accordéonistes répètent dans des locaux indignes d’une des communes les plus riches du Jura bernois, nous acceptons du bout des lèvres d’augmenter le tarif horaire des séances alors que nous ne nous bousculons surtout pas au portillon de l’Exécutif et des commissions : tout n’est pas rose, mais si nous travaillons tous ensemble à l’avenir de cette commune, en nous intéressant aux projets et en participant massivement aux séances d’information, il fera toujours bon vivre à Péry-La Heutte.

Un langage apprécié, en particulier durant cette période de convivialité rongée par le Covid. | cm