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N16 : une première mondiale sur le chantier du tunnel T5

Ce chantier n’aura quasiment aucun impact pour notre commune, mais ouvrira la voie à une méthode inédite

Une première mondiale va marquer le tout prochain assainissement du tunnel T5, sur la portion montante de la N16, juste en amont de Frinvillier. Le matériau qui sera utilisé à cette occasion date certes de la fin des années 1990, mais il n’a jamais encore servi pour l’étanchéité et la solidification d’un tunnel routier.

A deux semaines du démarrage des choses très sérieuses, et tandis qu’on procède actuellement aux installations préalables, faisons brièvement le point avec deux experts du consortium MAWA (Marti Travaux spéciaux SA et WALO Bertschinger AG) mandaté par l’Ofrou (Office fédéral des routes) : le chef de projet Lucas Gerber et le spécialiste CFUP (composites cimentaires fibrés ultraperformants) Laurent Boiron.

Que d’eau…

Les tunnels de la N16, particulièrement dans notre région, souffrent de l’abondance connue des sources et autres ruisseaux. « Les infiltrations d’eau sont nombreuses, dans la roche du Bas-Vallon. Et lorsque le liquide commence à apparaître dans les ouvrages, il trouve son chemin et la dégradation des matériaux s’accélère exponentiellement », souligne Lucas Gerber, un enfant du Vallon soit dit en passant.

Ces infiltrations, ajoutées à l’usure normale de tunnels creusés voici plus de 50 ans (dans les années 1965-1970), induisent la nécessité d’un assainissement conséquent. Son but : garantir la sécurité, la fonctionnalité et la durabilité de l’ouvrage pour les usagers de la N16.

Raboté, puis attaqué à l’eau

Cet assainissement sera donc mené du 15 mars au 21 novembre sur le tunnel T5. Dans une première phase, les équipes de MAWA réaliseront des travaux de sécurisation sur la voûte de l’ouvrage, lesquels demanderont en particulier 150 forages.

On passera ensuite à l’ablation des matériaux qui doivent être remplacés. Dans un premier temps, le rabotage de la voûte permettra d’enlever quelque 250 mètres cubes de béton à l’intérieur du tunnel. Les portails en béton armé, situés aux extrémités nord et sud de l’ouvrage et représentant quelque 50 mètres cubes, seront retirés par hydrodémolition ; cette méthode, utilisant un jet d’eau à haute pression, permet de dégager les armatures sans les abîmer. Elle présente par ailleurs le double avantage de ne causer aucune poussière et de réduire le bruit du chantier.

Près de 10 fois plus résistant

De nouvelles canalisations seront évidemment créées pour l’évacuation des eaux, tandis que les installations d’équipement et de sécurité seront intégrées à la reconstruction de la nouvelle chaussée.

Mais c’est au début de l’été que le chantier vivra sa phase la plus remarquable : pour la première fois, la voûte d’un tunnel sera modelée en composite cimentaire fibré ultraperformant, ce fameux béton CFUP aux performances exceptionnelles. Laurent Boiron : « Développé dans les années 90, pour contrer l’usure constatée sur les ouvrages de béton, ce matériau est utilisé sur les routes nationales suisses depuis une quinzaine d’années ; le viaduc de Chillon a fait office de projet pilote. Mais il n’avait jamais encore servi à l’assainissement d’un tunnel. »

Les avantages principaux de ce matériau : son étanchéité unique et sa résistante cinq à dix fois supérieure au béton standard. « Au moyen de béton standard, les réparations sont nettement plus longues et complexes. Avec la méthode CFUP, une couche fine permet d’atteindre un résultat optimal. »

C’est donc un chantier routier unique, qui démarrera dans deux semaines en aval de notre commune. Il ouvrira sans doute la voie à de nombreux travaux du même type, ailleurs sur le réseau des autoroutes suisses. | cm.